La montre déconnectée
Qui aurait dit qu'un jour, on aurait eu une extension de notre téléphone... dans un objet aussi commun qu'une montre.
Après plusieurs années à utiliser une montre connectée, j'ai pris conscience, qu'à défaut de m'accompagner dans la vie de tous les jours, c'est tout le contraire qu'elle fait. Elle a eu un impact particulièrement malsain sur ma santé.
Ma montre était une Samsung Galaxy Watch 1 de 2018. On est face à la 2ᵉ vague de montre connecté du constructeur, après son succès avec les modèles "Gear". Ce rebranding n'apporte rien de particulier, seulement une énième copie de nom #🍎.
Acheté durant mes études fin 2019 par pure lubie et en promotion (il ne faut pas déconner non plus) à 239 €. Le choix de cette montre a été vité choisi car elle est du même écosystème que mon Samsung S9.
Je vous fais part de mon retour d'expérience.
La manière d'utiliser ma montre a évolué avec le temps. Au début, ses principales fonctions étaient de recevoir les notifications des messages/appels, compter ses pas et, en autre, d'utiliser le suivi sport pour la natation. Le côté rythme cardiaque était plus qu'un gadget qu'une donnée utile.
Donc rien de bien particulier, elle faisait très bien son travail.
Par la suite, j'ai un plus poussé le côté sport, j'enregistrai mes séances, c'était particulièrement intéressant d'avoir des statistiques sur le rythme cardiaque, et les différentes phases durant un entrainement.
Et le temps est passé, elle ne m'a plus que servi que pour le sport, et rien d'autre.
Vous me diriez bien, mais pourquoi tu ne l'utilises plus ? Et quel est son réel problème ?
Oui oui, j'imagine les questions que vous pourriez me dire, problème d'égo indiquerais-je.
Avec le temps, j'ai appris que les diverses notifications sur ma montre m'empêchaient de vivre l'instant présent. Je m'explique, il suffisait que vous marchiez en ville, et hop la montre pouvait vibrer, par réflexe, je regarde.
Une, deux, puis un nombre incalculable de fois… Il arrivait que c'était pour une bonne raison (nouvelles urgentes), mais la plupart du temps, pour des discussions qui ne méritaient pas de répondre sur le moment.
Un ami qui met un pouce sur votre dernier message, un message sur un réseau social ou encore le mail sur les énièmes promotions d'un site en ligne.
Et je ne vous parle pas du fait de regarder les notifications de la montre au volant, l'écran est petit, on se concentre sur un écran de 3 cm, au lieu d'une route. J'ai expérimenté, et mes passagers me grondaient un peu trop souvent…
Est-ce qu'il y a vraiment un intérêt à notifier en permanence ? La question est sérieuse et mérite d'être discuté.
Le premier point négatif que je remonte.
De mon expérience, ce type de fonctionnalité a pour but de rendre dépendant, ou dans un autre terme, ultra-connecté. Toujours disponible quoi qu'il arrive, prêt à réagir à tout… et surtout n'importe quoi.
Est-ce que vous connaissez le syndrome FOMO ? C'est exactement pile dans ce sujet. La montre vous introduit l'idée qu'en l'ayant à votre poignet, vous ne raterez rien.
Sans montre, j'avais l'excuse de ne pas avoir entendu ou lu des messages et avec du recul, c'était un luxe.
Il faut bien retenir qu'il n'y pas obligation de lire les notifications, répondre aux messages ou différents événements. C'est plutôt naïf et bête, mais cela m'a fait du bien de me le rappeler.
C'est à ce moment que j'ai coupé toutes notifications sur là montre.
La montre vous fait rappeler à chaque moment que n'importe quoi peut arriver
J'ai gardé les réflexes, de regarder s'il se passait quelque chose, mais avec le temps, cela a disparu. Désormais, elle me servait que pour les suivis des pas et du sport.
Ma montre n'était pas connue pour avoir un système de suivi de santé et d'activités remarquables. Comme précédemment dit, la Watch 1 faisait partie de la 2ᵉ vague des montres de Samsung, les fonctionnalités restaient toujours limitées contrairement du côté de Mister Pomme.
J'ai commencé à prendre sérieusement soin de ma santé avec le retour du sport en parallèle de mon travail. Et je reconnais bien une qualité, la montre m'a été d'une bonne aide.
Elle permet d'enregistrer les activités sportives, voir sa progression et de se motiver à toujours viser un plus haut #MoarMoar
Le mode de course propose plusieurs entrainements à différents niveaux, avec une très bonne granularité et personnalisation des différentes étapes.
Que ce soit pour de la course, la musculation, la piscine ou les randonnées, je ne peux que reconnaitre qu'elle m'a beaucoup apporté. Le retour visuel aide à mieux comprendre de ce que la séance m'avait apporté.
C'est ici que je vois son principal et unique intérêt, le suivi du sport.


Les différents écrans du suivi de sport
Mais d'un autre côté, je suis rentré dans la boucle infernale du toujours plus.
Je n'ai pas de réseaux sociaux liés aux sports et de manière générale. Mes activités sportives ne concernent que moi, et je me pensais (encore) à l'abri (comme quoi c'est redondant).
Un exemple qui me vient en tête, est celui de la course. Dans le mode correspondant au Running sur ma montre, celui-ci donne quelques informations :
- Battement du cœur
- Vitesse moyenne donner en minutes pour un km
- Durée de l'exercice
- La distance
Quand je courais, je regardais ma montre de temps en temps, pour ne pas dire souvent, afin de savoir où j'en étais rendu. Ce réflexe peut être sain, pour moi, c'était le contraire.
"Tu as couru 9,3 km, tu peux pour à 10 km pour un chiffre rond"
"6 minutes le km, c'est trop, il faut que tu descendes à 5,40"
Et j'en passe.
C'est ici le second point négatif.
J'étais presque devenu incapable de faire du sport sans elle, il fallait toujours que je lance un des modes pour commencer une activité. Comme si, si je n'enregistrais pas, tout cela compterait pour du beurre.
Un nom existe pour le fait d'enregistrer tout ce qu'on fait. Il est sobrement appelé Quantified Self ou automesure connectée (La traduction officielle est exceptionnelle).
En faisait quelques recherches, j'ai pu trouver une personne qui en parle du problème de tout mesuré, c'est ici. Il y a également un lien dans l'article vers une étude sur l'évolution du plaisir et la motivation quand on commence à mesurer ses activités sportives.
Une fois la fatiguée accumulée, le mental éreinté, j'ai commencé à bien prendre conscience de certaine chose de ma vie, parfois brutalement, mais celui-là, il est venu naturellement. Je n'ai pas besoin de tout suivre, de tout analyser.
Surtout que, c'est bien d'avoir la liste des séances effectuée, mais cela sert concrètement à quoi ?
Je les lisais en diagonales, et j'y retournais une fois de temps en temps pour montrer ce que j'avais fait à des amis.
Donc j'enregistrais des choses que je n'allais plus jamais utiliser, et pour avoir une histoire de livre à raconter, merci l'égo malsain.
Quand on est rendu à tout enregistré, être déçu que la montre n'a pas enregistré le battement cardiaque ou que celle-ci ne possède pas le bon mode pour le sport, c'est qu'il y a un merveilleux souci.
Il faut savoir sortir du cercle infernal de l'auto-évaluation
Étape cruciale pour ma part, mais une passée, on peut commencer à faire des activités sereinement et notamment profiter.
Je n'avais jamais expressément éprouvé plus de plaisir pendant du running, mon but était de courir X km avec de la musique et rien d'autre.
Désormais, je cours, sans musique, sans suivi et je me balade. Pas d'itinéraire particulier, si j'ai envie de courir 10, 15 ou simplement 4 km, cela est suffisant.
Il y a une chose aussi, c'est que l'on peut vraiment être soi-même avec sa conscience.
Dit comme ça, c'est bizarre, mais quand on est obnubilé à l'idée de courir 10 km à tout prix, on ne donne que peu d'égard à autre chose.
En se détachant de la mesure, je fais plus attention à mon corps, je suis plus à l'écoute quand je sens que je suis épuisé, à bout de souffle, je peux m'arrêter sans regret.
Dans mon cas, le sport doit être du plaisir et non une recherche effrénée de la performance. À la fin, que ce qu'on gagne à se comparer à une personne complétement différente ? Les réseaux sociaux prônent un mode de vie idéalisé, ce qu'on voit n'ait pas la réalité ou du moins qu'un de ses fragments.
Si je n'avais qu'un conseille :
Profiter du moment, dépassez-vous, courez, jonglez (ou les deux en même temps), mais surtout, prenez soin de vous, aussi bien mentalement que physiquement.
Maintenant, reste à ce que je les applique déjà moi-même.
Est-ce que vous vous êtes rendu compte d'une chose durant cette lecture ?
À aucun moment, je n'ai dit que je me servais de la montre pour regarder l'heure.
Cocasse quand même, pour quelque chose qui contient montre dans le nom de l'objet.